Après un an et demi d’une période que l’on préférerait oublier, The Father vient nous rappeler que se souvenir est préférable.
Traiter un sujet aussi délicat que la maladie d’Alzheimer n’est pas chose aisée. Il faut savoir de quoi l’on parle, mais aussi bien en parler. Tombez dans les côté larmoyant et vous êtes pitoyable, tombez dans le déni et vous n’êtes plus crédible. Ici, il n’est pas question d’observer une famille subir la maladie, mais de prendre un point de vue moins commun : celui du malade.

Succès critique incontestable de ce touche à tout, Florian Zeller adapte ici sa propre pièce de théâtre au cinéma avec un succès retentissant. Décrite comme l’une des plus grandes pièces de la décennie, l’adaptation réalisée par le metteur en scène et écrivain paraissait audacieuse, et bien que la chance leur sourit habituellement, ici il n’est question que de talent.
Déconstruire un récit
Prendre le parti de raconter la maladie d’Alzheimer à travers les yeux du malade était audacieux, mais aussi la meilleur façon de créer l’empathie avec ce personnage perdu tentant de se raccrocher à un réalité qu’il essaye de maitriser mais qui s’échappe. Qui est notre enfant ? Où vit-on ? Ce qui apparait d’abord comme de petites incohérences sans gravité deviennent rapidement un problème existentiel.
Continuer de paraître normal, ne pas montrer ses failles, c’est ce que nous faisons tous en tant que spectateur avant de finalement réaliser que nous avons totalement perdu le fil du récit, à l’image du personnage qui se retrouve dans la même situation que nous ; ou plutôt l’inverse. Nous vivons avec la maladie pendant 1h30, et c’est bien assez pour ne pas se souhaiter ce quotidien.

On ne peut pas passer sous silence la prestation magistrale de Anthony Hopkins ; s’il fallait un homme pour ce rôle, c’était bien lui : le britannique fou. Son interprétation transcende, mêlant la douceur, à la fragilité, et au courage. Il est de ces acteurs qui font se déplacer le public des salles obscures. Du haut de ses 83ans, il est ce vieillard que l’on a envie d’aimer.
À titre personnel, il s’agit d’un des meilleurs films que j’ai vu au cinéma. Jamais jusque là je n’avais vu autant de personnes émues si fortement au sortir d’une séance. Peut-être des personnes touchées de près par cette maladie, ou peut-être simplement bouleversées par cette oeuvre hors du commun.
Le Cinéma quant à lui va très bien, il vous remercie.